Votre entreprise est-elle en bonne santé ?

Votre entreprise est-elle en bonne santé ?

L’article du jour s’adresse surtout aux entrepreneurs, mais comme un français sur quatre envisage de créer sa propre entreprise (sondage OpinionWay), il y a de fortes chances que cela vous concerne très bientôt. Alors autant anticiper ! 

Comment savoir si votre entreprise va bien ?

Vous me direz… rien de plus simple… il suffit de regarder s’il y a des sous sur le compte en banque !

Ce qui est probablement assez vrai pour les finances des ménages (un compte en banque est un bon indice de finances équilibrées) est absolument faux pour les entreprises et les entrepreneurs.

1 – Parce qu’un entrepreneur ne paye pas toutes ses factures comptant !

Imaginez un plombier qui reçoit 5000 euros de son client Albert le 1er du mois.
Il a eu besoin, pour réaliser sa prestation, de 4000 euros de pièces détachées, qu’il ne réglera à son fournisseur qu’à la fin du mois.
Pendant un mois, il se croit riche de 5000 euros… qu’il pourrait allègrement dépenser… alors qu’il n’a en réalité gagné que 1000 euros.

L’argent présent sur votre compte courant d’entrepreneur ne dit rien de la bonne santé de votre entreprise : seul le résultat (votre chiffre d’affaires moins vos charges) compte !

2 – Parce qu’un entrepreneur a des charges variables et des frais fixes.

Encore une différence importante entre les particuliers et les entrepreneurs.

Il m’arrive souvent d’entendre mes clients particuliers me dire : j’ai x euros de charges fixes et Y euros de charges variables.
En comptant le gaz, l’eau, l’électricité, Internet et le loyer dans les charges fixes ; et l’habillement, l’alimentation, les loisirs, les dépenses de santé dans les charges variables.

Pour moi, cela n’a pas de sens… certaines dépenses sont modulables (l’alimentation ou les loisirs) quand d’autres le sont moins (le loyer… mais on peut toujours déménager !) : ce ne sont pas des charges variables pour autant.

Une charge variable disparaît quand l’entreprise ne produit rien. À la différence d’une charge fixe (le loyer des bureaux, l’assurance, les salariés éventuellement) que l’on paye quoi qu’il arrive.

Or, en tant que particulier, il n’y a rien à produire… sauf vous. Et vous n’allez pas vous priver de manger sous prétexte que vous êtes au chômage !

Un particulier n’a pas de frais variables et de frais fixes… une entreprise si !

Reprenons l’exemple de notre plombier : il a gagné 1000 euros avec le chantier d’Albert. Mais cela ne nous dit rien du loyer qu’il paye pour ses locaux, ni de ses autres charges fixes.

Il peut avoir la sensation d’avoir gagné de l’argent alors qu’il n’arrive même pas à couvrir ses frais fixes, frais payés parfois mensuellement et parfois annuellement (assurance décennale par exemple ou la taxe foncière s’il est propriétaire).

Le montant gagné après chaque mission ne dit rien de la bonne santé de l’entreprise : le résultat doit être considéré dans son ensemble, sur l’année.

4 – Parce qu’un entrepreneur est également redevable de charges sociales et fiscales.

Nous parlons ici des charges sociales, de la TVA, de l’impôt sur les sociétés.

• Selon votre statut ces charges sont payables immédiatement (auto-entrepreneur), mais le plus souvent elles sont payées au mois ou au trimestre (TVA ou IS). Quand elles ne sont pas estimées l’année 1 et régularisées l’année 2 (URSSAF) !
• Elles sont calculées sur la totalité de votre bénéfice ou sur la rémunération que vous vous versez…
• Elles se montent à 50% ou à 80% de la somme que vous touchez.

Cela fait bien des variables qui rendent les obligations sociales et fiscales difficiles à calculer et faciles à « oublier ».

Ma première expérience d’entrepreneur a consisté à créer une entreprise de conseil en marketing.
Que j’ai géré pendant une dizaine d’années. Jusqu’à ce que le chiffre baisse en même temps que ma motivation pour cette activité.
Les charges, elles, continuaient de tomber et j’ai fait comme bien des entrepreneurs :
ma première variable d’ajustement, pour finir le mois en équilibre à la banque, a été ma rémunération – donc je ne me payais plus !.
Et ma deuxième variable d’ajustement la TVA… parce que la TVA est plus ou moins une avance de trésorerie de l’État jusqu’à ce que vous la reversiez chaque mois ou chaque trimestre.

Grave erreur que de ne pas avoir assez de trésorerie pour payer sa TVA quand elle est due !
Ce qui arrive à beaucoup d’entrepreneurs dont les caisses sont insuffisamment pleines.

Spoil : si vous manquez votre échéance de TVA, vous n’arriverez jamais à remonter la pente et à la payer ultérieurement – même si vous en avez l’impression.

À chaque montant gagné, il sera sain que vous mettiez en réserve (sur un compte à part ou sur votre compte principal, mais sans y toucher) le montant des charges sociales et de la TVA dues.

4 – Parce qu’il est tentant – mais dangereux – de « piocher dans la caisse ».

Tous les entrepreneurs ne se payent pas en salaire ou en indemnité de gérance.
Certains choisissent les dividendes.
Le problème des dividendes, c’est qu’ils sont versés une fois dans l’année, une fois les comptes clôturés. 

Mais il faut bien vivre – et au cas où vous n’auriez pas bien fait votre prévisionnel, vous pourriez être tenté (e) par une « avance sur dividende ».

Légale à condition qu’au moment de la clôture des comptes, le montant des dividendes à verser sur l’année soit supérieur au montant de l’avance que vous vous êtes octroyé.
Illégal si les avances sont supérieures aux dividendes réellement distribuables.

Une de mes clientes qui s’était mise dans cette situation a dû « emprunter » en urgence à l’un de ces amis 10 000 euros pour pouvoir renflouer les caisses qu’elle avait vidé par anticipation.
L’histoire ne dit pas si elle a été capable de le rembourser – et s’ils sont toujours amis !

On ne mange pas un gâteau qu’on n’est pas sûr de détenir !

Au vu de ces éléments, est-ce que votre entreprise va bien ?
Est-ce que vous êtes sûr (e) d’avoir les bons indicateurs pour en juger ?
Ou vous contentez-vous de regarder votre compte en banque pour conclure que « tout va bien » sans être conscient (e) d’être une entreprise en sursis ?

Vous êtes entrepreneur ?
Le sujet vous parle ? (et ça peut être parce qu’une personne de votre entourage est concernée)
Partagez-moi, dans les commentaires ici ou sous cette vidéo vos anecdotes, expériences à ce sujet ou vos astuces pour éviter la catastrophe.